Pleure, pays de mon enfance
Tu as perdu ton cœur, ta tolérance
Pour laisser place au désespoir
Et tu t’habilles de sombre, de noir
Ô ! ma belle patrie des droits
Tu dénigres, montres du doigt
L’étranger, ce bouc émissaire
Promis à la vindicte populaire.
Les sans domiciles, les sans papiers
Pour ne pas faire peur aux rentiers
Sont poursuivis, frappés, par la police
Jetés en prison par une étrange justice.
Des étrangères font les cent pas
Sur le trottoir, vendent leurs appas
En arpentant le gris du bitume
Prises entre le marteau et l’enclume.
Des enfants tendent la main
Pour quêter un peu de pain
Mis au ban, voués aux gémonies
Loin de leur pays natal, la Roumanie.
Des hommes se cachent parce que chômeurs
Écartés comme des objets sans valeur
Par décision d’ignobles actionnaires
Qui des êtres humains n’ont que faire !
Tous ces pauvres en guise de logement
Dorment sur des cartons, sous le firmament
La lune et les étoiles pour éclairage
Quelques oripeaux pour bagages !
Pleure, pays de mon enfance
Tu as perdu ton cœur, ta tolérance
Pour laisser place au désespoir
Et tu t’habilles de sombre, de noir